Faire Commun : Le collectif de La Grenze, L’Orée 85, Phare Citadelle

Le Manifeste


Aujourd’hui, nous avons choisi de réunir nos forces, nos faiblesses (1), nos similitudes et nos différences afin de nous aider mutuellement à faire vivre nos lieux ; à rendre visible et intelligible notre engagement, et peut-être, qui sait, à vous donner envie de participer à cette dynamique collective.

“Individuellement, nous sommes une goutte. Ensemble, nous sommes un océan.” ~ Ryunosuke Satoro

C’est mû·e·s par un esprit d’équipe composé d’humain·e·s œuvrant avec une sensibilité similaire et afin d’accomplir des buts communs que Nous – La Grenze, L’Orée 85, Phare Citadelle – avons décidé de nous regrouper, de Faire Commun.

Certain·e·s pourraient nous voir comme trois projets concurrents, mais nous nous voyons plutôt comme des allié·e·s., tout aussi semblables que différents.
Nos entités aspirent aux mêmes desseins : une transformation sociale émancipatrice et un enrichissement collectif.
Le positionnement qui va suivre puise ses origines dans les vécus de chacun·e des membres des trois collectifs à l’origine de ce manifeste.
Un positionnement n’est autre qu’une opinion. Quand cette dernière s’érige en certitude, nous pensons qu’il y a un risque de basculer dans un entêtement stérile. Il peut conduire à des incompréhensions perpétuelles que nous souhaitons éviter.
Ce positionnement est le fruit de nos réflexions à un instant donné, comme tout un chacun nous évoluons au sein de projets organiques et d’une société en constante évolution.


“Les choses froides se réchauffent, les chaudes se refroidissent, les humides se dessèchent, les sèches s’humidifient” (2) . Tout comme l’humain qui se façonne au gré de ses expériences, le caractère évolutif est l’essence de nos lieux. Ce qui nous semble valable aujourd’hui sera re questionné demain.
Ceci étant dit, voici notre positionnement :
Nous ne nous retrouvons plus dans les zones urbaines devenues duplicables, faisant perdre les traits singuliers et caractéristiques de nos villes.
Nous aspirons à une reprise en main collective de la vie de la Cité, à remettre l’individu au cœur des échanges.
Permettre une offre alternative.
Laisser la place à des possibilités.
Il y a urgence.
Nous fourmillons d’idées.
Nous bouillonnons d’impatience.
Culture pour toutes et tous.
Oser. Essayer. Recommencer.
Cohabitation. Interactions. Coopération.
Émancipation. Réappropriation.


Certain·e·s pourraient nous reprocher de jouer le jeu de la gentrification.
C’est effectivement un phénomène inhérent à l’urbanisation, auquel nous tentons justement de nous opposer en pensant nos lieux pour et avec nos quartiers.
Nous prenons les responsabilités légales, humaines, financières et morales.
Nous devons concilier rentabilité et utilité sociale sans perdre de vue la portée militante, artistique et politique de nos projets.
Nous sommes soumis aux objectifs des politiques publiques permettant d’en financer une partie, tout en essayant de conserver notre indépendance.
Mais nous agissons car nous croyons.
Salarié·e·s, bénévoles, artistes, intervenant·e·s, partenaires, familles, ami·e·s et publics nous accompagnent.
Nous avons conscience que nos lieux génèrent parfois de l’entre-soi.
Mais n’est-il pas inhérent et nécessaire à toutes les communautés ?
De la même manière, nous facilitons le croisement des individu·e·s, la possibilité de nouvelles rencontres.


Pour nous, la culture (3) dans toute sa diversité est un moteur essentiel à la vie urbaine.
Nos lieux sont des lieux d’envies, des lieux de vie.
Des lieux pour créer, pour se rassembler, pour se retrouver.
Nous croyons au pouvoir disruptif de la créativité et du faire ensemble.

Nous sommes des lieux qui rassemblent des humain·e·s ayant une volonté de changement.
Nous n’inventons rien mais aspirons à quelque chose de nouveau.
Nous participons avec d’autres à (re)dynamiser nos quartiers.
Nous ouvrons nos lieux aux idées et initiatives.
Nous évoluons en questionnant nos fonctionnements et notre impact social et environnemental.
Nous faisons l’expérience d’une utopie (4) urbaine à notre échelle.


(1) Natasha St-Pier
(2) Extrait des Fragments d’Héraclite. On avait un peu la flemme de vous révéler cette source qui nous paraissait pompeuse en guise d’intro, mais force est de constater que ces philosophes travaillent du chapeau.
(3) « Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd’hui être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts, les lettres et les sciences, les modes de vie, les lois, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. » UNESCO
(4) Ou hétérotopie pour toutes celles et ceux qui voudraient nous targuer d’être imprécis.e.s